L'Afrique du Sud et la question de la domestication : Un commentaire sur la dénonciation de la CPI

Par Matsiko Samuel

Une conversation sur le retrait des États africains de la Cour pénale internationale et son impact sur les États parties qui ont domestiqué le Statut de Rome n'a que trop tardé. La question de la domestication est un sujet jusqu'ici inexploré mais important. Prenons un scénario hypothétique dans lequel un État africain a ratifié le Statut de Rome et l'a intégré dans son droit national par le biais d'une loi. Puis l'exécutif se retire du traité sans abroger l'acte par le parlement. Un tel scénario hypothétique soulève des questions très importantes pour le débat académique :

 

  • Quelle est la légalité de l'acte au moment du retrait ?
  • Comment un tribunal national qui a une affaire en cours en rapport avec la loi traiterait-il une telle affaire ?
  • Comment les tribunaux traiteraient-ils les questions de coopération au regard d'une loi nationale qui prévoit une coopération en termes d'arrestation et de remise à une institution établie par le traité en question ?

 

 

De telles questions sont spécifiques au récent retrait de l'Afrique du Sud de la CPI. Le 19 octobre 2016, le pouvoir exécutif du gouvernement sud-africain a exercé ses "prérogative" pouvoirs pour se retirer de la Cour pénale internationale. L'Afrique du Sud a ratifié le Statut de Rome le 17 juillet 1998 et a pris des mesures supplémentaires pour intégrer le traité dans la législation nationale. Le Parlement sud-africain a rédigé le projet de mise en œuvre du Statut de Rome, qui est devenu une loi le 16 août 2002.

Le préambule de la loi prévoit que L'Afrique du Sud s'engage à à traduire en justice les personnes qui commettent de telles atrocités, que ce soit devant un tribunal de la République en vertu de ses lois nationales lorsque cela est possible, conformément à ses obligations internationales de le faire lorsque la République est devenue partie au Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Il ne fait aucun doute que la sortie de la CPI a été provoquée par le fait que l'Afrique du Sud n'a pas arrêté le président soudanais Omar Bashir, un chef d'État recherché en juin 2015 pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, en violation de ses engagements et obligations. La question de la domestication vise à déterminer si le retrait de l'Afrique du Sud de la CPI sans participation publique ou législative est fondamentalement et procéduralement défectueux.

En abordant les questions et la cartographie de la pratique étatique en droit international, il est établi que lorsqu'un traité est domestiqué dans un État non-moniste, il obtient une vie propre séparée et distincte du traité. Ainsi, le droit interne est applicable jusqu'à ce qu'un processus législatif visant à abroger la loi ait eu lieu. Un exemple plausible d'une tentative de processus législatif visant à abroger une loi nationale inspirée par un traité est la loi dite "de l'année". Brexit Royaume-Uni Great Repeal bill de 2016. Ce projet de loi tente de mettre fin au droit de l'Union européenne inscrit dans la loi sur les Communautés européennes de 1972 et de déclencher l'article 50 du traité de Lisbonne. Pour revenir à l'Afrique du Sud, malgré le fait que le Statut de Rome prévoit que l'avis de retrait prend effet un an après le dépôt. Il ne fait aucun doute que tant qu'un processus d'abrogation de la loi 27 de 2002 sur la Cour pénale internationale n'est pas finalisé, l'Afrique du Sud est toujours tenue de respecter ses engagements. Cela créera un paradoxe juridique et politique pour l'Afrique du Sud le22 novembre 2016. La Cour constitutionnelle sud-africaine, dans le cadre de l'affaire Bashir, sera mise à l'épreuve : elle devra soit coopérer avec la CPI en matière d'arrestation et de remise, comme le prévoit l'article 8 de la loi sur la Cour pénale internationale, soit succomber aux effets de la "realpolitik " en abordant le domaine naissant et encore non réglé du droit pénal international.

En un mot, la responsabilité des crimes d'atrocité internationaux et des violations des droits de l'homme dans un système de justice pénale internationale pas si parfait devrait être le scénario dominant de tout système de justice pénale internationale. Dans l'esprit du groupe africain pour la justice et la responsabilité, je crois que l'argument pessimiste selon lequel la justice qui n'est pas servie ailleurs (l'Occident) ne devrait pas être servie ailleurs (l'Afrique) est fondamentalement erroné et ne sert qu'à faire diversion. Inspiré par les mots d'Atonnio Cassese, il vaut mieux avoir la moitié d'un pain que simplement une tarte dans le ciel.

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