Interviews de la conférence internationale Alumni au Cap en novembre 2017.
Qu'est-ce que cela a à voir avec le tabassage ?
Si vous demandez à un artiste, à un peintre, il vous dira immédiatement qu'il faut parfois changer de perspective. Éloignez-vous de votre tableau, pour le voir comme une structure lointaine, ou approchez-vous pour voir les motifs du pinceau dans une tache de couleur sur la toile.
En observant le développement de l'Afrique, vous pouvez changer votre perception et remonter jusqu'à votre propre enfance, jusqu'au tout début de votre éducation. L'éducation des enfants en Afrique façonne également le développement du continent, tout comme mon éducation à la fin des années 60 et au début des années 70 en Allemagne, qui était très similaire.
S'il n'y avait pas de canne - et tout ce qu'elle représente - les jeunes Africains seraient élevés dans un climat de développement personnel, de libre arbitre et, plus important encore, de liberté d'expression. Imaginez que même à l'école primaire et à la maison, dans la famille, les jeunes Africains disent librement et ouvertement ce qu'ils n'aiment pas et ce qu'ils pensent qui devrait être différent dans le monde dans lequel ils vivent et dont ils seront responsables une fois adultes. Ces jeunes êtres indomptés s'opposeraient à tout aîné, patron, supérieur ou politicien dès qu'ils constateraient un comportement répréhensible, qu'il s'agisse de corruption, de traitement injuste de subordonnés ou simplement d'égoïsme qui les empêche de voir les autres souffrir.
La canne empêche également qu'une telle habitude s'installe dans la vie quotidienne, et évite ainsi que la vapeur de la colère ne monte dans la marmite jusqu'à ce qu'elle explose avec la perte de nombreuses vies.
La conclusion est donc la suivante : la canne fait vivre l'Afrique, telle qu'elle est.
Lors de la " Conférence internationale Alumni " au Cap (novembre 2017), j'ai réalisé de nombreuses interviews filmées avec les participants alumni et les principaux intervenants de la conférence. Le thème de la conférence était : " S'attaquer aux causes profondes des déplacements en Afrique subsaharienne ". Mais bien sûr, les déclarations couvraient un plus large éventail de perspectives individuelles.
En rentrant chez moi avec cinq heures de film, j'ai réalisé qu'il serait difficile de trouver les "meilleures" déclarations dans chaque entretien et de les ramener à un film final de moins de sept minutes. J'ai donc commencé à chercher une carte thématique dans les réponses de mes interlocuteurs et j'ai abordé le film sous l'angle de l'entretien qualitatif 1.
À ma grande surprise, j'ai vraiment trouvé une structure claire à laquelle, dans un deuxième temps, j'ai pu monter les séquences du film :
- la migration en général
- migration externe
- migration interne
- informer les politiques et faire de la recherche
- gouvernement
- l'application de la loi
- éducation
- pauvreté et sécurité alimentaire
- Schengen pour l'Afrique
- investisseurs et entreprises
- conférence et réseau
- mon séjour au Centre et mes valeurs
Avec cette approche, j'ai essayé de transformer la conférence des scientifiques en une source de recherche sur le sujet concerné. Le fait de considérer le site alumni des centres African Excellence comme une ressource pour la collecte de données permet également de boucler le cercle d'un projet scientifique sur lequel j'ai travaillé au centre de sciences sociales WZB de Berlin en 1984. Dans le cadre de cette étude, nous avons examiné les implications des mentalités psychologiques liées à la disparition des forêts allemandes qui, à l'époque, menaçaient massivement notre écosystème. La question était de savoir si tout le monde, du simple citoyen au PDG de l'industrie chimique, savait qu'il fallait faire quelque chose, mais rien ne s'est passé2. Une situation qui semble très similaire aux luttes africaines d'aujourd'hui. Quelles sont les motivations, les hypothèses, les interprétations et les sous-supposés cognitifs des personnes influentes et des citoyens ordinaires lorsqu'il s'agit de trouver des solutions aux problèmes dans le contexte africain ? Si c'est la canne qui empêche les pays africains de s'effondrer, vous aurez une approche différente des solutions que si vous pensez que ce sont les politiciens qui ont une bonne loi mais ne l'appliquent pas pour des raisons très personnelles.
Pour moi, d'un point de vue psychologique, l'une des déclarations clés des entretiens a été la réponse du Dr Juliet Okoth qui a déclaré qu'il lui a fallu attendre son doctorat pour acquérir la liberté de sentir qu'il est normal d'avoir une opinion différente de celle de quelqu'un d'autre, de l'exprimer librement et d'en discuter avec quelqu'un qui pourrait avoir une autre opinion (vidéo minute 33). Avoir été élevée par la canne a laissé ces traces durables en elle, nous dit-elle. Lors d'une autre interview, une étudiante en master m'a raconté que même aujourd'hui, alors qu'elle a une bourse et qu'elle est l'une des étudiantes les plus sélectionnées du programme African Excellence , son père ne lui parle pas, car elle a violé les attentes familiales basées sur la tribu pour une fille. De nombreux pays africains sont confrontés à des taux élevés de grossesse chez les adolescentes. En Namibie, un taux élevé d'étudiantes universitaires tombent enceintes sans l'avoir voulu, bien que le planning familial soit gratuit à l'hôpital et que l'hôpital lui-même se trouve à quelques pas de l'université. Les règles sociales tribales, les attentes de la famille, l'église et aussi le comportement grossier des infirmières de l'hôpital (qui supposent que toute jeune fille qui demande un planning familial est une prostituée) créent un climat de pression et d'extrusion.
La génération des hippies en Europe a dû lutter contre les attentes sévères de leurs parents conservateurs à l'esprit étroit. La génération plus âgée de l'après-Seconde Guerre mondiale en Europe avait la nostalgie d'un petit contexte social gentiment ordonné, mais la guerre du Viêt Nam, l'aspiration à la liberté sexuelle et à la justice sociale ont été plus fortes et ont changé à jamais notre société en Europe.
Il semble maintenant que ce soit au tour de la classe moyenne africaine éduquée de créer pour ses jeunes (et pour elle-même), au moins à la maison et à l'école, une atmosphère dans laquelle une personnalité libre et créative peut se développer et s'épanouir. En partant du principe que, si l'attitude intérieure des gens change, le reste suivra automatiquement.
La vidéo
Malheureusement, il n'y a pas encore d'iframes possibles sur ce blog. Vous ne pouvez donc le regarder que sur le site zazu.berlin. Choisissez :
"Alumni Conference Cape Town 2017 - 1 heure - Interviews with Alumni"
https://zazu.berlin/referenzen
Ce montage brut et non finalisé n'a pas été commandé, payé ou certifié par le DAAD. Il représente ma propre vision et ma nécessité de contribuer à la discussion.
La vidéo dure environ une heure !
Prenez le temps d'écouter les déclarations de certains des plus brillants cerveaux du programme African Excellence et de ses environs.
Cela en vaut la peine !
Crédits
- Judith Christabella Aceg
- Callistus Akachabwon Agaam
- Zihembire Gerald Ahabwe
- Brenda Akia
- Kennedy Alatinga
- Sylvester Nsobire Ayambila
- Chifundo Chilera Patience
- Christian Eanga
- George-Grandy Hallow
- Kenasi Kasinje
- Elisabeth Munee Kiamba
- Fleming Lumumba
- Joyce Marangu
- Jesse Mugero
- Penelope Malilwe Mulenga
- Peter Mwesigwa Katoneene
- Patrick-Didier Nukuri
- Juliet Roselyne Amenge Okoth
- Charlton C. Tsodzo
- Faustine Wabwire
- Wilhelm Löwenstein
- Matlotleng Patrick Matlou
- Dorothee Weyler
Auteur : Thomas Hezel - zazu.berlin
Berlin, juillet 2018-2019
Référence :
1.
Aghamanoukjan A., Buber R., Meyer M. (2009) Qualitative Interviews. In : Buber R., Holzmüller H.H. (eds) Qualitative Marktforschung. Gabler Verlag, Wiesbaden, Allemagne.
2.
Fietkau, Hans-Joachim (1984) Bedingungen ökologischen Handelns : Gesellschaftliche Aufgaben der Umweltpsychologie. Beltz Verlag, Weinheim Allemagne
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